Comprendre son cheval

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L’homme de cheval se doit de connaître les éléments de hase liés à l’abord et à la santé du cheval même si le traitement de ses maladies doit rester l’apanage du vétérinaire. L’évolution du cheval, son instinct grégaire, ses possibilités de perception, sa réponse à l’agression et ses facultés de mémorisation forment le tissu dense que nous devons comprendre pour approcher le cheval et travailler avec lui. Savoir examiner, soigner, et comprendre les problèmes que peut rencontrer un cheval est donc essentiel.

une fille qui caresse un cheval avec sa main

 

Comprendre un cheval pour l’approcher : le cercle des positions

Sur la zone avant du cheval :

  • forte dominance ;
  • autonomie minimale du cheval ;
  • développement impossible de sa propre responsabilisé et de son courage.

Sur la zone latérale :

  • moindre dominance ;
  • développement d’une autonomie possible dans certaines limites ;
  • développement de sa propre responsabilité et de son courage possible dans certaines limites.

Sur la zone arrière:

  • dominance intermédiaire ;
  • développement optimal de l’autonomie ;
  • développement optimal de sa propre responsabilité et de son courage.

La vision du cheval

L’art de manier les chevaux repose sur des données très concrètes: la vision de celui-ci, monoculaire, binoculaire et essentiellement horizontale, mais avec un angle mort devant lui, balaye un champ de vision de quasi 360°. Au mouvement, quelle que soit l’inclinaison de l’encolure, l’œil du cheval persiste en position horizontale, et ainsi ses repères restent inchangés. Des mouvements verticaux venus du dessus ou du dessous de son champ de vision peuvent difficilement être distincts. La vision nocturne du cheval est meilleure que celle de l’homme grâce à des récepteurs puissants dans le fond de l’œil ; celle des couleurs est caractérisée par des préférences (vert) et des aversions (blanc et jaune). Certaines règles d’approche élémentaires en sont la suite naturelle: le cheval interprète chaque position des individus autour de lui selon un schéma ancestral de vie en troupeau.

Comment examiner un cheval ?

Le cheval doit être examiné d’abord à distance dans une lumière appropriée et sur sol le plus favorable. La posture, le comportement, l’état nutritionnel, l’état général, l’environnement doivent être établis. L’approche du cheval de côté est mieux perçue que celle de devant, de même que la position près du cheval, car elle est moins agressive. Si le cheval désire faire connaissance avec son visiteur par son odorat, il faut lui accorder du temps pour son orientation.

Les gestes autour du cheval devraient être bien gérés, doux, mais efficaces, pour permettre au cheval de garder un bon contact précis avec l’homme. Il faut éviter des mouvements inutiles et surtout le transfert de sa propre anxiété vers l’animal. Calme et concentration sont toujours appréciés chez les chevaux, mais sont souvent rares dans les écuries. Le contact par la voix et ultérieurement par une main bien détendue est agréable et renseigne sur l’état du cheval.

Le dos de la main peut être avantageusement utilisé pour percevoir des variations de la température en surface, surtout au niveau des extrémités.

En somme, la finesse et la maîtrise du contact sont une clef qui nous permet, certaines connaissances et techniques d’approcher le cheval.

L’appareil circulatoire du cheval

Des données cliniques concernant l’appareil circulatoire sont indispensables : la palpation du pouls se fait à l’artère faciale dans l’encoche du maxillaire inférieur. L’auscultation au moyen d’un stéthoscope se pratique couramment en endurance derrière le coude gauche; la mesure de la fréquence cardiaque est faite aussi à l’aide d’un cardio-fréquence mètre. Le nombre des pulsations au repos chez le cheval adulte se situe entre 30 et 40 battements.

L’état circulatoire du cheval est établi en premier par la couleur des muqueuses oculaires, nasales et buccales; par une légère pression sur la paupière supérieure et inférieure, le globe oculaire se rétracte et la muqueuse oculaire devient visible: la couleur normale d’une muqueuse oculaire est rose, celle d’une muqueuse nasale rose foncé et celle de la muqueuse buccale rose pâle.

Le temps de remplissage capillaire est de une à deux secondes sur l’animal sain. Celui-ci se teste avec une petite pression de l’index sur la muqueuse buccale du maxillaire supérieur : celle-ci cause une tache claire de vide circulatoire, qui se remplit à nouveau rapidement. La perméabilité et l’élasticité des veines jugulaires, de même que le temps de leur remplissage, se jugent avec la compression à l’aide du pouce entre le tiers moyen et le tiers supérieur des veines. À l’état normal, la veine doit se gonfler immédiatement à la compression et, au relâchement, elle doit disparaître aussitôt. Un épaississement ou un gonflement persistant de la paroi veineuse, voire du pouls veineux, sont des signes pathologiques.

La peau du cheval

Le contrôle de la peau est essentiel. Cet organe, le plus étendu du corps, est embryologiquement lié au cerveau. Ces deux structures proviennent de l’ectoblaste, d’où toutes les corrélations.

L’élasticité cutanée renseigne sur le métabolisme de l’eau dans le corps. Cela est important en cas de déperdition de liquides pendant une hémorragie, une déshydratation à l’effort ou une colique, par exemple. Le pli de peau, tiré par le pouce et l’index au niveau de l’encolure, devrait s’aplatir aussitôt en une à deux secondes.

L’appareil respiratoire du cheval

L’appareil respiratoire du cheval s’apprécie au repos et après effort. La fréquence respiratoire normale varie entre 8 et 16 respirations par minute au repos. Les mouvements respiratoires, leurs rythmes, s’observent le mieux d’un angle de 45° à côté du cheval. La cage thoracique, spécialement les côtes, de même que les flancs pendant l’inspiration et l’expiration, sont à prendre en compte. Bruits anormaux et toux doivent être notés. Le stéthoscope avec un anneau de caoutchouc autour du pavillon et sans membrane rend un grand service, car il évite les bruits parasites causés par les poils.

La prise de la température rectale est la méthode la plus courante et la plus sûre pour établir la température interne du cheval. Les thermomètres en verre et au mercure de différents modèles ainsi que le thermomètre digital sont utilisés. Il est prudent de passer une main sur le dos et sur la croupe avant de lever doucement la queue pour introduire le thermomètre préalablement mouillé dans l’anus de l’animal. Une petite ficelle peut relier le thermomètre aux crins de la queue au moyen d’une pince à linge. Cette fixation évite que le thermomètre ne tombe ou ne se perde à l’intérieur du rectum. La température rectale du cheval adulte est de 37,5 à 38 °C, chez le poulain elle est entre 38,5 et 39 °C. Le temps de mesure avec un thermomètre ordinaire est d’environ trois minutes.

L’appareil locomoteur du cheval

Le contrôle de l’appareil locomoteur se fait au pas et au trot à la main sur terrain plat, dur et mou. Il faut procéder à cet examen seulement si on est sûr de ne pas aggraver des lésions par le mouvement. Des fissures ou des fractures, des corps étrangers ou des myosites, par exemple, interdisent tout mouvement inutile. Les muscles à l’état normal devraient être indolores et de consistance élastique.

La personne conduisant le cheval devrait se tenir à son côté au niveau de l’encolure et permettre une libre présentation de l’animal. En volte, la personne reste de préférence à l’extérieur du cheval pour permettre une bonne visualisation.

Monsieur de Garsault formule dans son Nouveau Parfait Maréchal (1746): «Il y a bien des précautions à observer, attendu que les chevaux ne servent à l’homme qu’autant que leurs pieds sont en bon état». Une vieille coutume arabe consistait, lors de l’achat, à cacher d’abord le corps du cheval afin d’apprécier les membres avant toute chose. Il convient de se souvenir que le pied du cheval n’est pas uniquement un organe de la locomotion, mais la nature l’a pourvu de multiples fonctions et surtout aussi de moyens sensoriels très fins.

Le sabot est, tout comme les crins, une production de la peau en relation intime avec la santé et le bien-être de l’animal. La sensibilité cutanée est grande chez le cheval.

Les moyens de protection des membres sont très variés. À eux seuls, ils pourraient faire le sujet d’un livre. Tous ces moyens devraient protéger sans gêner et améliorer la fonction de l’extrémité. Une immobilisation peut être également effectuée. L’utilisation du cheval détermine les moyens de protection et la moindre négligence se paye cher.

Bandages et pansements pour chevaux

Bandages et pansements sont indispensables pour le confort et la récupération des membres. Certaines règles doivent être respectées. Une bonne protection permet le fonctionnement normal de la zone sous- jacente.

Dérouler les bandages sans plis, ni “poches”.

  1. Choisir les tours de bandages appropriés à la région anatomique et à la fonction du bandage.
  2. Repasser sur la moitié du tour précédent pour for- mer une gaine solide et uniforme.
  3. Poser ou tendre le bandage avec beaucoup de doig- té suivant sa nature et sa fonction.
  4. Ne jamais bander sans une couche sous-jacente suffisante qui favorise la bonne circulation.
  5. L’inversion des faces de bandages doit être exceptionnelle, à moins d’être voulue.
  6. Se servir de fermetures peu proéminentes, sûres et faciles à ouvrir qui seront placées sur la face externe ou interne des membres entre les rayons osseux et les tendons.

Le sauvetage et les soins de secours des chevaux sont une préoccupation indispensable et ne devraient pas être réservés dans toute son ampleur au déroulement des jeux Olympiques…

Beaucoup d’efforts, de connaissances et de moyens sont nécessaires pour y parvenir dans les règles. Dans des situations complexes comme le sauvetage des chevaux en eaux profondes, dans les canaux ou les rivières, il convient de travailler avec des équipes professionnelles de sauvetage convenablement équipées ! Nos voisins suisses ont mis en place un service de sauvetage de grands animaux, pour la Suisse et le Liechtenstein, qui est même en mesure d’intervenir avec l’hélicoptère, en coopération avec les équipes de sauvetage, des pompiers, de la police, des plongeurs, des vétérinaires, des secouristes diplômés chevaux, etc. Une bonne invention est le nouveau filet de secours et de transport, en multifilament de polypropylène (P.P.M.), qui permet de lever les animaux, du poney jusqu’au Shire Horse ou au Percheron (80 à 1100 kg). Ce service de sauvetage est avantageusement complété par un service d’ambulance équine permettant le transport debout et couché.

Les chances de survie et de récupération du cheval accidenté augmentent ainsi considérablement.

La grande technicité de nos voisins est mise au service du secours et de la protection du cheval. Elle tient également compte des équipes intervenant sur les lieux.

Ces gestes, soins et secours autour du cheval enrichissent quotidiennement notre expérience d’homme de cheval.

 Pour en savoir plus : la communication avec un cheval 

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