La chirurgie chez le cheval

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L’insuffisance aiguë des voies respiratoires supérieures, les coliques digestives et les saignements ayant pour origine les poches gutturales sont des affections qui demandent une intervention chirurgicale en urgence à l’instar des individus atteints d’arthrite septique ou de certaines lacérations ou fractures. Pour répondre à ces urgences, des centres spécialisés ont vu le jour un peu partout dans le monde. Ces infrastructures sont lourdes à mettre en place car elles nécessitent beaucoup de matériels et de personnels pour anesthésier, opérer et gérer les soins intensifs des chevaux admis.

salle d'attente chirurgien cheval

La trachéotomie chez le cheval

La trachéotomie sera faite lors d’insuffisance aiguë des voies respiratoires supérieures. Celle-ci est par exemple consécutive à l’inhalation de fumée toxique ou d’incendie, à la présence d’un corps étranger ou d’une masse péri-pharyngée, à un collapsus trachéal traumatique ou encore à une morsure de serpent. Le diagnostic et le traitement rapide de cette affection sont vitaux pour le cheval. Le diagnostic sera essentiellement basé sur l’inspection visuelle et auditive. La cause réelle de l’obstruction sera souvent recherchée après avoir rétabli la perméabilité des voies respiratoires supérieures et cela se fera à l’aide d’un examen endoscopique. Pour rétablir la perméabilité, on utilisera soit l’intubation naso-trachéale (passage d’un tube dans la trachée via la narine) soit la trachéotomie. Celle-ci est un acte chirurgical qui se fait là où le cheval est en détresse, sur cheval debout ou couché, souvent sans aucune contention chimique préalable étant donné l’urgence du problème. La trachéotomie consiste à faire une ouverture entre deux anneaux trachéaux pour permettre le passage d’air via une structure tubulaire telle qu’une sonde trachéale ou un morceau de tuyau d’arrosage.

La laparotomie et la laparoscopie chez le cheval

Le vétérinaire doit reconnaître sur le terrain non seulement une colique (douleur abdominale) mais aussi différencier les individus qui sont candidats pour un traitement médical de ceux qui relèvent d’un traitement chirurgical. Il est bien reconnu que l’opération précoce d’un cheval présentant une affection chirurgicale augmente de beaucoup les chances de réussite. Il peut y avoir très rapidement (quelques heures) une dégénérescence de segments du tractus digestif, nécessitant une résection (entérectomie) plus ou moins importante. C’est ainsi qu’il est possible d’enlever jusqu’à 60 % de l’intestin grêle d’un cheval soit environ 15 mètres. Dans d’autres cas, il est seulement nécessaire de faire une ouverture dans un organe digestif pour en vider son contenu (gaz, aliment, sable, etc.) ; on parle alors d’entérotomie.

L’approche de l’abdomen en tant que tel, pour avoir accès aux différents organes digestifs d’un cheval, se fait dans la majorité des cas sous anesthésie générale à faveur d’une laparotomie par approche ventrale et sur des cas sélectionnés, ou d’une laparoscopie sur le flanc, sur l’animal debout et tranquillisé.

Ces techniques sont aussi utilisées lors de coliques extradigestives comme lors de torsion d’utérus chez la jument gestante ou de rupture de vessie chez le nouveau-né.

Embolisation des artères carotides et de l’artère maxillaire chez le cheval

La présence de sang au niveau des naseaux (épistaxis au sens large) peut signer soit une hémorragie des voies respiratoires supérieures soit une hémorragie des voies respiratoires profondes. Dans le premier cas, il faut établir rapidement si l’hémorragie est consécutive à une mycose des poches gutturales. Si ce diagnostic est établi, nous sommes en présence d’une urgence chirurgicale, non seulement pour éliminer l’agent mycosique mais surtout pour prévenir une hémorragie fatale qui peut se déclencher à tout moment.

Le traitement chirurgical consiste à occlure l’artère en regard de laquelle se trouve la plaque mycosique et cela de façon rostrale et caudale à la lésion. En effet, les réseaux artériels carotidiens droit et gauche sont en communication et l’hémorragie peut provenir du sang venant du cœur (flux normograde) ou du réseau artériel opposé (flux rétrograde). La technique chirurgicale actuellement la plus efficace consiste dans l’embolisation intra-artérielle des artères impliquées. Celle-ci est réalisée par l’implantation d’emboles dans les artères affectées à l’aide d’instruments spéciaux et sous la visualisation d’un amplificateur de brillance. Il n’y a pas de soins post-opératoires particuliers sauf s’il y a des problèmes neurologiques concomitants, et l’aspect esthétique final est très satisfaisant.

L’évolution de la chirurgie équine

La chirurgie équine est en plein essor et cela est rendu possible grâce à une amélioration de la formation et de la recherche aussi bien en chirurgie que dans les disciplines connexes telles que la médecine interne, l’anesthésie ou l’anatomopathologie clinique. Les collèges américains et européens de chirurgie vétérinaire veillent sans relâche à l’amélioration de la formation, aux échanges des expériences et aux progrès thérapeutiques à travers le monde. Globalement, le cheval y gagne par une amélioration de sa prise en charge. Elle a débuté par l’évolution des soins au quotidien puis par le développement de centres de références, d’urgences et de soins intensifs, qui permettent maintenant au cheval d’être opéré de coliques ou de certaines fractures avec un taux de succès chaque jour plus important.

Durant la dernière décennie, les améliorations technologiques ont surtout permis aux chirurgiens de mieux voir les lésions (arthroscopie, laparoscopie, thoracoscopie, endoscopie). Les images parfois saisissantes lui permettent maintenant de localiser avec précision une lésion, d’en évaluer sa taille, sa profondeur. On distingue donc plus clairement le problème à traiter pour être plus précis dans ses gestes. Demain les limites de la réparation seront repoussées avec l’avènement de nouveaux bio-matériaux et une meilleure compréhension de l’étio-pathogénie des affections. Aujourd’hui, en France comme dans le reste du monde, on travaille aussi à améliorer la prévention et à diminuer l’aspect invasif des chirurgies en gardant à l’esprit que, chez le cheval, le pronostic vital et sportif est engagé et que, dans la majorité des cas, le coût reste un facteur limitant.

 

Le H-150 de Royal Horse est un complémentaire de fourrages, formulé pour des efforts
soutenus, destiné aux chevaux et poneys sujets aux dysfonctionnements musculaires et/ou gastriques.

Pour en savoir plus : annuaire des chirurgiens équins

 

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