Les courses de trot

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L’origine des courses remonte à la nuit des temps, à l’époque où le char en constituait l’élément essentiel. La Grèce antique est fortement imprégnée de cette présence à la fois dans sa mythologie et dans son histoire où les Jeux olympiques sont l’occasion de création d’hippodromes dans lesquels des quadriges s’affrontent au grand galop. Rome reprend cette tradition en établissant des règles strictes pour les courses. Toutefois, l’origine des courses modernes se situe en Angleterre et plus particulièrement au XVIIIe siècle avec l’avènement de la race des pur-sang anglais issus de patriarches de pure race orientale. Le succès des courses anglaises et l’engouement qu’elles suscitaient allaient traverser la Manche au début du XIXe siècle où les défis que se lançaient, par chevaux interposés, des particuliers conduisaient à l’ébauche de ce qui allait devenir un véritable secteur économique : les courses au trot.

 

Les courses de trot : Un peu d’histoire

C’est en 1864 que la Société du Cheval Français est fondée à Caen, berceau du trotteur français, mais l’acte de naissance officiel des courses au trot est traditionnellement fixé à 1836 sur les grèves de Cherbourg où un jeune officier des Haras, Ephrem Hoüel, réussit à organiser la première confrontation de chevaux demi-sang. Il convient de souligner que le demi-sang était un cheval de service utile à l’économie nationale qui, au trot, assurait la traction des équipements militaires. Il devait donc allier résistance, force et vitesse. Le Trotteur Fançais est issu à l’origine du croisement de Pur-Sang Anglais de la région de Norfolk et de juments normandes.

Après les menaces que le Second Empire fit peser sur l’Administration des Haras et qui faillirent faire disparaître les courses au trot, la jeune société mère parvint à asseoir son autorité et à encourager le développement de ses épreuves, en Normandie, en Bretagne, puis un peu partout en France.

En 1878, l’essor du trot et l’appui bienveillant de Gambetta permirent à la Société du demi-sang de s’installer à Paris et d’organiser des courses sur l’hippodrome du plateau de Gravelle, dans le bois de Vincennes. L’engouement populaire fut tel que pour développer son activité, la Société du Cheval Français n’eut d’autre possibilité que d’occuper, dans le calendrier parisien, la seule période laissée vacante par les Sociétés de galop : l’hiver.

En 1905, le meeting d’hiver est né à l’initiative de Philippe du Rozier. Désormais, les trotteurs ont droit de cité et le programme de leurs courses va en s’étoffant. La plus grande épreuve de trot attelé, le Prix d’Amérique, est créée en 1920 et dotée de 20000 franc-or.

Sous la présidence de M. René Ballière, de 1935 à 1970, le trot ne va cesser de prendre de l’importance, avec le développement du meeting d’hiver, la reconstruction de l’hippodrome de Vincennes, la création des courses du soir en 1952, l’acquisition du Domaine de Grosbois en 1962.

En 1970, le vicomte Guillaume de Bellaigue succéda à M. Ballière à la présidence de la société. M. Albert Viel prit le relais de 1974 à 1985. Le comte Pierre de Montesson occupa cette fonction de 1986 à 1994 avant que M. Paul Essartial ne lui succède, pour céder la place à la fin de l’année 1997 à M. Dominique de Bellaigue, actuel président du “Cheval Français”.

Au cours de ces dernières années, le trot a considérablement accru son audience, sa popularité et sa position économique. De l’état de parent pauvre et bien souvent négligé au sein de l’institution des courses, il est passé au premier rang dans pratiquement tous les domaines et est indiscutablement le leader des courses françaises. Ses origines populaires, son accessibilité facilitée, la robustesse de la race, la longévité des chevaux, le caractère artisanal et rural de la discipline, l’énorme courage et le dynamisme de la profession sont sans doute autant d’éléments qui expliquent le succès du trot. Cette importance de la spécialité, il convient de la situer au plan des chiffres.

Le trot en chiffres

En 2000, ont été organisées 10000 courses au trot par 249 sociétés. Elles s’adressaient aux 15000 chevaux déclarés à l’entraînement ou plus exactement, si l’on exclut les chevaux non qualifiés, aux 13500 trotteurs qui ont couru l’année dernière et qui au total ont représenté 136000 participants, soit une moyenne de 10 courses par cheval.

Le cheptel des Trotteurs Français est estimé à plus de 80000 têtes dont 17000 poulinières, 630 étalons et 11600 naissances par an. Ce dernier chiffre peut sembler encore trop élevé puisque le circuit économique des courses ne peut raisonnablement absorber que 3500 à 3800 trotteurs qualifiés par génération. Des mesures ont donc été envisagées, à la fois pour réduire directement le nombre des naissances mais aussi pour limiter l’accès à la compétition afin de contrôler la situation économique de ce secteur. Pour pouvoir participer à la compétition les trotteurs doivent être qualifiés, c’est-à-dire réaliser à l’âge de 2 et 3 ans sur les distances respectives de 1500 mètres et 2000 mètres un temps minimum imposé, ce qui opère un tri important et permet de conserver environ 4000 chevaux par génération susceptibles de prendre part aux courses.

Les allocations distribuées dans les courses au trot organisées en 2000 sur la région parisienne s’élèvent à 380 MF, et à 520 MF en province.

S’il y a quinze ans, les courses parisiennes recevaient 55 % des allocations et celles de province 45 %, cette tendance est aujourd’hui largement inversée puisque la proportion est actuellement de 58 % pour les courses provinciales et 42 % à Paris. Toutefois, il faut se garder d’aller trop loin dans une valorisation des courses provinciales au détriment du programme parisien qui doit rester attractif puisque d’une part, c’est lui qui fait fonctionner “la pompe à finances” de l’institution et que d’autre part, il doit représenter avec ses 1500 courses le haut lieu de la sélection.

Le volume des paris enregistrés sur les courses au trot (pratiquement 19 milliards de francs en 2000) n’a cessé de s’accroître au cours des dernières années comparativement à l’ensemble des enjeux engagés en France, (37 milliards de francs) ce qui peut s’expliquer par la grande popularité du trot, le nombre satisfaisant de partants et le choix compréhensible des sociétés de retenir majoritairement les épreuves de trot comme supports des courses de jeu.

Ainsi cette quantité négligeable qu’était la spécialité du trot, il y a encore cinquante ans, s’est imposée sur la scène hippique à la première place et regroupe désormais 60 % des courses, 68 % des partants, 60 % des hommes. Le trot, grâce à ses hommes – ces artisans laborieux qui souvent sont en même temps propriétaires, éleveurs, entraîneurs, drivers et même lads – est une activité agricole, nationale qui apporte une valeur ajoutée à nos campagnes et qui de plus en plus permet de maintenir l’emploi et les exploitations en activité en milieu rural.

La tutelle du ministère de l’Agriculture s’exerce de façon satisfaisante sur le secteur des courses, au travers de la Sous-direction du cheval pour le domaine réglementaire et de l’E.P.A., “les Haras nationaux” pour l’étalonnage.

Une autre tutelle s’impose au plan économique par le contrôle d’Etat et la Direction du budget. Là aussi, depuis le décret du 5 mai 1997 qui réglemente les sociétés de courses et le Pari Mutuel Urbain, un véritable partenariat a été créé entre l’institution des courses et l’Etat. Celui-ci se soucie directement de l’équilibre financier des sociétés mères qui assument parfaitement bien leur rôle de pourvoyeur de fonds pour le budget général de la Nation. Le conseil d’administration du G.I.E.-PM.U. est d’ailleurs composé pour moitié de représentants des sociétés de courses et pour moitié de représentants de l’Etat.

Enfin, le ministère de l’Intérieur exerce également une tutelle directe sur les courses en fournissant un avis sur tout candidat à une quelconque licence.

Les courses de trot et l’hippodrome de Paris-Vincennes

Concédé à la Société du Cheval Français par la ville de Paris depuis 1879, Phippodrome de Vincennes dont le bail a été renouvelé en 1975 pour cinquante ans, s’étend sur une surface de 42 hectares dans le bois de Vincennes. Il a été entièrement modernisé et agrandi de 1978 à 1983.

Une nouvelle série de transformations a été réalisée en 1993 avec l’agrandissement des tribunes abritées et la réfection complète de la piste.

Chaque année, 155 réunions y sont organisées, 90 le jour et 65 le soir, ce qui constitue la plus importante activité d’un champ de courses dans toute l’Europe.

Si la grande époque d’activité de Vincennes se situe l’hiver et plus précisément de la mi-décembre au début de mars, un petit meeting d’été s’étend de la mi-août à la fin septembre et les nocturnes, pour leur part, prennent place chaque mardi et chaque vendredi de mi- mars à mi-décembre. C’est un total de 1250 courses qui sont inscrites au programme annuel avec pour point culminant le Prix d’Amérique, véritable Championnat du monde des trotteurs doté de 5 MF en 2001, précédé du Prix de Comulier au trot monté, spécialité française, et suivi à 15 jours d’intervalle, du Prix de France puis à 8 jours, du Prix de Paris. Depuis quelques années, le début du meeting d’hiver est marqué par la clôture du Grand National du Trot, circuit de 14 étapes disputées sur les grands hippodromes de l’Hexagone et véritable “Tour de France” des Trotteurs.

Hippodrome de la sélection, Vincennes l’est par ses courses, par la qualité des concurrents qui s’y affrontent et par ses pistes. La grande piste de 2 000 mètres avec sa célèbre descente et sa redoutable montée, même si leur profil est devenu plus régulier, a forgé une race de trotteurs solides, résistants, charpentés qui possèdent à la fois de la tenue et de la vitesse. La petite piste de 1325 mètres, éclairée depuis 1952, permet plus de mettre en valeur les qualités de sprinter des trotteurs.

La légende de Vincennes est constituée de l’histoire des grands champions qui ont inscrit leur nom au palmarès des courses classiques. Il faut citer, et c’est là un choix tout subjectif, Uranie, gagnante de trois Prix d’Amérique comme Roquépine, Bellino II, Idéal du Gazeau et Ourasi, 4 fois vainqueur de cette plus grande épreuve mondiale, mais aussi Fandango, vainqueur de 38 courses consécutives, Jamin couronné champion du monde aux États-Unis, Gélinotte, Masina, Ozo, Une de Mai ou encore les derniers gagnants Ténor de Baune, Général du Pommeau, etc.

De toute évidence, si l’on demande à un non-turfiste de citer le nom d’un cheval de course, il est très vraisemblable que ce sera celui d’un trotteur car la popularité de ces chevaux, leur longévité, leur présence en font de véritables vedettes dans les médias et dans le cœur des spectateurs.

Ce vedettariat est sans doute un élément primordial dans la promotion des courses mais il ne saurait tout faire et l’une des priorités que le président de la S.E.C.E s’est fixée, a été d’améliorer l’accueil, le confort, l’animation, l’environnement de l’hippodrome.

C’est ainsi que des unités différenciées de restauration ont été créées, s’adressant à des publics divers. Parallèlement le décor de l’hippodrome a été modifié avec le souci d’égayer les enceintes, de les rendre plaisantes, confortables et vivantes. Une régie vidéo d’avant garde permet d’animer toutes les réunions sur un écran géant de 118 m2 situé face aux tribunes et d’assurer des retransmissions sur le circuit intérieur de télévision.

L’hippodrome en activité est une véritable usine avec une fréquentation variant entre 5 000 personnes le soir et 35 000 personnes pour le Prix d’Amérique. Ce sont entre 800 et 1500 employés qui, suivant l’importance des journées, s’affairent pour la réussite d’un spectacle offert par environ 150 chevaux à chaque réunion avec leurs drivers, leurs entraîneurs, leurs propriétaires et leurs lads.

Le centre d’entraînement de Grosbois

La réussite des courses de Vincennes n’est possible que grâce à un réservoir important de chevaux stationnés à proximité, c’est-à-dire à 15 km, à Boissy-Saint-Léger où la Société du Cheval Français a fait l’acquisition en 1962 du Domaine de Grosbois. Cette propriété de 410 hectares avec un château Louis XIII qui constitue une charge financière lourde pour la Société mais qui a été la condition sine qua non de la création de ce centre, regroupe une cinquantaine d’établissements et au total 1500 box qui, aussi bien l’hiver lorsque les conditions de circulation sont mauvaises que pour les courses du soir, permettent d’avoir un contingent de trotteurs suffisant pour assurer le fonctionnement des courses parisiennes.

Avec son centre social, ses 3 pistes, son manège, sa piste couverte, sa clinique, ses 20 km d’allées cavalières, ses terrains de sport, ses logements sociaux, le centre de Grosbois est un instrument performant qui accueille près de 1000 personnes en période de pleine activité.

Le trot et l’Europe

Pour l’avenir, il apparaît indispensable de consolider la position du trot français à l’étranger. En 1973, a été fondée, avec les principaux responsables des courses au trot en Allemagne, en Italie et en Scandinavie, “l’Union européenne du trot”, qui regroupe actuellement 14 pays et qui constitue véritablement une force pour défendre le trot dans toute l’Europe et notamment en le préservant de l’introduction des ambleurs. La réalisation du marché unique au sein de l’Union européenne doit être considérée comme une chance pour l’élevage du trotteur français qui est fortement excédentaire en ce qui concerne les naissances par rapport aux effectifs nécessaires aux courses dans l’hexagone, et qui bénéficie d’une bonne image de marque à l’étranger grâce aux nombreux titres conquis de haute lutte aux Etats-Unis ou dans les grandes épreuves européennes. Il est essentiel, de ce point de vue, que la race du trotteur français soit préservée car elle représente un patrimoine génétique spécifique dont il faut assurer la conservation. En outre, il convient de réserver un bon nombre de courses aux produits de cet élevage même si sa production doit s’effectuer sans discrimination dans tous les pays de l’Union. Le stud-book du trotteur français est en effet fermé depuis 1937 ce qui a permis de fixer une race spécifique qui avec la race américaine et le trotteur Orloff constituent les 3 souches dont sont issus tous les trotteurs inscrits dans la plupart des stud-books étrangers. Si des expériences d’introduction de sang américain sont périodiquement faites, elles sont suffisamment limitées pour avoir un effet améliorateur sans risquer de faire perdre les caractéristiques d’un standard qui a montré ses qualités au cours des dernières décennies.

Le système français des courses grâce à son organisation à l’échelle nationale, grâce aux répartitions qu’il opère entre l’argent des parieurs et les allocations distribuées à la profession, grâce aussi au dynamisme de tous ceux qui sont concernés, est remarquable et dispose de tous les ingrédients pour assurer au mieux sa mission envers l’Etat et envers le secteur socioprofessionnel dont il a la charge. Cependant, rien n’est jamais gagné définitivement et la réussite est quelque chose qui se construit tous les jours.

L’entreprise “trot” qui, sur les 120000 personnes concernées par les courses en général en fait vivre 70000, a pris une place primordiale au sein de l’institution et l’augmentation des allocations distribuées dans cette spécialité depuis quinze ans en fait un secteur d’avenir.

Les courses au trot : la passion

Philippe Noiret, l’inoubliable Ripou du film de Claude Zidi, véhicule l’habituelle image négative, bien qu’admirablement comique, du parieur invétéré, prêt à tous les arrangements douteux pour satisfaire sa passion du jeu.

Toutefois, cette image s’inverse curieusement dès que le rêve du parieur se prolonge pour atteindre le véritable moteur de la passion, le trotteur. La triste réalité quotidienne se transcende alors en un idéal de beauté et d’amour au contact de ce cheval qui, à la fin du film, est l’instrument de migration d’un monde poisseux et carcéral vers le royaume éclatant de la vraie vie.

C’est cette passion du trot qui, depuis les plages de sable de Cherbourg en 1836 jusqu’à la cendrée de Vincennes du début du IIIe millénaire, a amené des milliers d’hommes à consacrer tous leurs efforts avec abnégation, enthousiasme et dynamisme à la réalisation d’un idéal professionnel entièrement voué au cheval.

Jamais nous ne pourrons expliquer autant de privations, de souffrances mais aussi de satisfactions et de joies sans la présence de ce compagnon exigeant mais ô combien attachant qu’est le Trotteur.

Si les dizaines de milliers de personnes qui vivent des courses au trot en France acceptent la plupart du temps de ne pas recevoir la rétribution correspondant à leur investissement personnel ou financier, c’est parce qu’au-delà de l’intérêt économique, le mobile de leur action est la passion, celle du Trotteur Français.

Pour en savoir plus : les différentes épreuves 

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