Le concours de dressage (cheval)

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Héritier de l’équitation classique qui nous est venue d’Italie à la Renaissance, le dressage est devenu discipline de compétition par le truchement de la Fédération Équestre Internationale dont l’objectif, aussi noble qu’ambitieux, est rappelé dans l’article 419 de son règlement pour cette discipline. En créant en 1929 un concours de dressage international, la F.E.I. a eu pour but de préserver l’art équestre des altérations auxquelles il peut être exposé, et de le conserver dans la pureté de ses principes pour le transmettre intact aux futures générations de concurrents.

cavalier en train de réalisr une compétition de dressage avec son cheval

La règle du jeu des concours internationaux et nationaux est contenue dans le règlement de dressage, régulièrement mis à jour par la commission adéquate de la F.E.I. C’est une des disciplines les plus connues avec le concours complet et le saut d’obstacles.

L’essentiel, c’est-à-dire la philosophie de l’action, se trouve dans l’article 401 qui traite des “buts et principes généraux”. Afin que la compétition ne dévie pas de son objectif, et pour en garantir la cohérence autant que la faisabilité, cet article doit être appliqué par toutes les parties prenantes de la compétition: cavaliers, entraîneurs et juges.

Chaque pays édite son propre règlement de Dressage mais, lorsqu’une compétition internationale est disputée, c’est le règlement international qui est appliqué.

Le déroulement des compétitions de dressage

Le programme sur lequel se dispute la compétition, au niveau national ou international, s’appelle la reprise de dressage. Elle comporte soit des figures imposées soit des figures libres. Selon leur nombre, elle dure de cinq à huit minutes environ. Chaque figure est notée de 0 à 10. Une reprise donne lieu aussi à des notes d’ensemble dans lesquelles sont appréciés la qualité des allures, l’harmonie de la présentation, le tact du cavalier. En Allemagne, pays dominant dans ce type de compétition, le travail de deux pistes et le galop à faux sont seulement requis. Le classement est donné par la somme arithmétique des points de tous les juges. Le nombre de juges varie selon le niveau, le type de concours et les époques. Il est actuellement de 5, placés à l’extérieur de la piste, pour les reprises internationales imposées.

Le concours se déroule sur un rectangle de 20 m x 60 m, balisé par 20 lettres disposées tout autour. Elles servent de repère au cavalier pour exécuter les différentes figures. La nature du sol n’est pas spécifiée, sauf pour les jeux Olympiques et les Championnats de dressage seniors pour lesquels il doit être en sable.

Qu’est-ce que le dressage ?

Les compétitions sont mixtes et sans limite d’âge, sauf pour les épreuves internationales pour lesquelles les cavaliers doivent avoir au moins 16 ans. Pour les chevaux, l’âge minimum est de 6 ans, sachant que l’entrée au Grand Prix de Dressage n’est cependant pas autorisée avant l’âge de 7 ans.

Très exigeant sur le plan des qualités physiques et psychiques, le dressage ne peut pas être abordé avec les mêmes chances de succès pour tous les chevaux. Le sujet idéal se présente élégant, harmonieux de conformation, équilibré naturellement, se déplaçant dans trois bonnes allures plutôt amples, élastiques et régulières. Sa souplesse lui permet de modifier facilement son attitude en fonction de la volonté de son cavalier. Calme, il a bon caractère mais il se manie énergiquement.

Ces dernières caractéristiques sont difficiles à combiner: les chevaux paisibles pouvant manquer d’énergie et ceux qui sont vigoureux, se montrant facilement irritables. C’est pourquoi le cheval de dressage est rare et cher. On le trouve plus facilement, en ce début de siècle, dans les élevages allemands, hollandais et russes. Certains trakehners ou anglo-arabes peuvent très bien faire même s’ils sont délicats à entreprendre en raison de leur vivacité. Il en va de même des akhal-tékés au caractère parfois difficile et qui manquent souvent de puissance dans l’arrière-main. Mais on n’oubliera pas “Absent”, brillant vainqueur aux J.O. de Rome. Très en vogue de nos jours, le cheval ibérique n’est pas bien armé pour développer ses allures qui n’ont pas toujours

le rebond souhaité. Il est cependant apprécié en raison de sa souplesse, de son confort, de sa docilité et de son aptitude au rassembler.

Qui sont les meilleurs en dressage ?

L’étude des résultats des grandes confrontations mondiales montre que certains pays ont, tour à tour, bien tiré leur épingle du jeu depuis que les concours existent.

Ainsi la Suède s’est-elle imposée, au début et pendant près d’un demi-siècle, avant de jouer un rôle plus effacé même si elle se trouve encore de nos jours régulièrement aux places d’honneur. Sans doute cette période faste devait-t-elle trouver son explication dans l’influence de Stromsholm, l’école militaire de cavalerie créée en 1868. Devenue civile cent ans plus tard, elle forme désormais les instructeurs d’équitation. On n’oubliera pas que le commandant de Reverony Saint Cyr, double champion olympique en 1952 et 1956, s’était préparé à Saumur sous la direction de l’écuyer en chef Margot.

Régulièrement aux places d’honneur dans la première moitié du siècle dernier, la France a dû ses succès à ses cavaliers militaires. La médaille d’or du commandant Lesage et celle du commandant de Taine à Los Angeles restent une heure de gloire pour notre pays. La présence de nos couleurs au haut niveau de la compétition a été depuis assurée, avec des fortunes diverses, par différents cavaliers civils et militaires. Il faut noter la remarquable assiduité de Dominique d’Esmé, quinze fois championne de France et qui a assuré notre repré’ sentation dans les grandes réunions depuis les Jeux de Montréal jusqu’à ceux d’Atlanta, ainsi que les performances exceptionnelles de Margit Otto-Crépin et de Corlandus, dont l’écurie était un modèle d’organisation et d’efficacité. Malade du sport équestre, le dressage en France semble maintenant installé dans une léthargie dont nous espérons bien vivement qu’une fée bienveillante l’en sortira.

S’extirpant de la gangue soviétique qui les clouait chez eux, les cavaliers russes ont offert, dans les années soixante, une équitation de finesse dans la légèreté qui amenait S. Filatov, I. Kalita, I. Kisimov et E. Petouschkova sur les hautes marches du podium des jeux Olympiques, Championnats du monde et Championnats d’Europe. Héritage direct de James Fillis, écuyer en chef à Saint-Pétersbourg au début du siècle, cette équitation ne semble plus à la mode du côté de l’Oural. Cela explique-t-il, l’effacement actuel de ce pays ?

Il n’est que de jeter un œil sur les résultats des jeux Olympiques, confirmés d’ailleurs par ceux des autres grandes réunions mondiales, pour constater que l’Allemagne domine dans cette discipline depuis avant la Seconde Guerre mondiale.

Les cavaliers allemands sont trop nombreux à avoir brillé pour qu’on puisse en dresser la liste sans crainte d’en oublier. Parmi eux, les Neckermann, Schultheiss, Lisenhoff, Boldt, Klimke et, les deux jeunes femmes: Nicole Uphoff et Isabelle Werth, ont dominé et domi- nent encore le palmarès. Possédant un élevage adapté, une culture de rigueur dans le travail, de discipline, de persévérance dans l’effort, ce pays n’est pas prêt, de passer le relais. La Suisse, lui a pourtant apporté une résistance appréciable avec Gustav Fischer et Henri Chammartin, respectivement médaille d’argent et d’or à Rome et à Tokyo. Puis à partir de 1976, avec Christine Stuckelberger et son fameux Granat, mer- veilleusement entraînés par George Wahl, ancien écuyer en chef de l’Ecole Espagnole de Vienne. Enfin, la Hollande lui donne des émotions puisqu’Ankh Van Grunsven apparaît comme la concurrente la plus sérieuse d’Isabelle Werth, championne olympique, dans les épreuves au sommet.

Le dressage aujourd’hui

En ce début de siècle, c’est sans doute une nouvelle période qui commence. Avec les 250000 adeptes des 125 nations affiliées à la F.E.I., le dressage voit venir à lui des concurrents toujours plus nombreux. Et la compétition apparaît plus ouverte. L’exemple de l’Espagne est à cet égard significatif. Ne figurant pas en épreuve officielle il y a quelques années, ce pays s’est rapproché des podiums en un temps record. Il le doit en grande partie, à son Ecole Royale Andalouse d’Art équestre née de la volonté d’Alvaro Domecq, il y a trente ans, et qui a connu un fulgurant développement.

Discipline reine parce que sportive et artistique à la fois, le dressage met en valeur le cheval dans toute sa puissance, sa noblesse, sa beauté. Elle est sans doute, la seule à pouvoir faire fleurir la poésie de l’équitation. Puisse la compétition de dressage toujours coller à cette mission cardinale de préservation de l’art équestre que s’est fixé la F.E.I. Au-delà de l’épanouissement que trouvera le cavalier dans la joie toujours renouvelée de faire danser sa monture, c’est le cheval, qui sortira gagnant de l’aventure.

Les grandes dates du dressage

  • 1912 Premiers jeux Olympiques équestres, à Stockholm;
  • 1921 Création de la Fédération Équestre Internationale;
  • 1930 Premier championnat de dressage F.E.I., à Lucerne;
  • 1960 Premiers Championnats du monde, à Berne;
  • 1963 Premiers Championnats d’Europe, à Copenhague;
  • 1981 Création de la catégorie “jeunes cavaliers” pour les jeunes gens de 16 à 21 ans;
  • 1982 Création de la Coupe du monde avec Nashua comme sponsor;
  • 1986 Première finale de la Coupe du monde, à Hertogenbosh (Hollande);
  • 1988 Création d’un circuit “développement” pour les pays qui viennent à cette discipline; circuit parrainé par Samsung;
  • 1990 Premiers jeux équestres mondiaux, à Stockholm.

Le dressage français face à  l’international

Redoutée par les uns qui craignent le danger de l’effacement des cultures et des identités nationales; souhaitée par d’autres qui entrevoient le bénéfice des recompositions permanentes par la “réappropriation” d’éléments en provenance de l’extérieur, la mondialisation semble inéluctable.

L’équitation doit-elle s’en inquiéter ou s’en féliciter? Voilà l’importante question qui se pose en ce début d’un siècle marqué par l’accélération des échanges.

Et si le danger vient d’Amérique, comme on semble le craindre, le Natural Horsemanship rassure de stupéfiante façon. Cette équitation infiltre les différents continents alors qu’elle a mûri dans un pays sans tradition équestre où le cheval était principalement employé à des fins utilitaires avant d’être récemment, aussi orienté vers le sport.

Elle nous présente le cheval comme un partenaire à rassurer, à comprendre toujours davantage et qui obéira d’autant mieux qu’il évoluera dans un contexte ludique. Elle explique que le respect de l’homme par sa monture est un préalable à l’obtention de l’impulsion. Mais ces prescriptions ne figuraient-elles pas en filigrane des préceptes des anciens depuis Pluvinel?

Elle fait du travail latéral en longe, continué monté, le moyen le plus efficace de se mettre avec son cheval par l’obtention du “rassembler mental”. Quelle troublante analogie avec l’épaule en dedans de La Guérinière !

Elle prescrit de travailler séparément chaque mouvement d’un exercice, pas l’exercice en entier. Quelle différence d’avec le “décomposer la force et le mouvement” bauchériste? Elle fait enfin l’apologie de la légèreté, de l’obéissance du cheval aux plus légères indications de son cavalier. L’Europe, elle, est riche du fabuleux héritage de plusieurs siècles de recherche de ses maîtres. Saura-t-elle conserver précieusement les principes qui, des deux côtés du Rhin, conduisaient à l’équitation de flexibilité sur laquelle s’accordaient, il y a cinquante ans, les rédacteurs du règlement de dressage de la F.E.I. ? Car d’être fermement assuré de ses racines on ne peut pas aller de l’avant.

On pourrait rêver que l’expérience des uns et des autres conduit, en particulier, à la fusion des notions clef d’impulsion et de soumission en un concept de disponibilité, représentant l’état normal de la relation du cheval avec l’homme, propre tant à faciliter la pratique équestre qu’à élever la performance.

Pour en savoir plus : la page dédiée au dressage 

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