L’ostéopathe équin : métier et compétences.

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Les médecines manuelles ont toujours existé, elles ont même précédé la médecine classique actuelle. Hippocrate lui-même, auquel tous les médecins et vétérinaires se réfèrent, en parlait déjà il y a 2 400 ans. Les débuts de l’ostéopathie équine se sont heurtés au scepticisme agressif des nombreuses personnes de toutes professions qui affirmaient que le cheval est un animal trop fort et trop grand pour être manipulé par un humain. L’expérience prouve que ce n’est pas une question de force et que pratiquement toutes les manipulations sont possibles si on a l’accord du patient. Certains détracteurs disent qu’on ne peut ni déplacer ni replacer les vertèbres d’un cheval et ils ont raison. Ils n’ont simplement pas compris qu’il s’agit de débloquer des vertèbres qu’un spasme maintient solidaires, donc douloureuses. Quels sont les secrets des ostéopathes équins ? Comment fonctionne l’ostéopathie chez le cheval ? 

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Le travail de l’ostéopathe équin

Les bases de l’ostéopathie ont été établies vers 1850 par un médecin américain, A.T. Still, mais ce n’est que depuis une vingtaine d’années que cette forme de médecine a été enfin appliquée au cheval, ce qui lui vaut d’être classée ici dans les procédés modernes. De plus en plus d’ostéopathes ou de vétérinaires s’orientent vers cette médecine, le seul problème actuellement est de trier et de ne pas confier son cheval à n’importe qui…

S’il a compris que toute perte de mobilité d’une articulation entravait la circulation sanguine et le système nerveux sympathique, ceci ayant pour effet de perturber et d’affaiblir les organes ou les fonctions qui en dépendent. Il a aussi vérifié que ce processus a lieu dans les deux sens et qu’un organe malade provoque des spasmes qui restreignent la mobilité des articulations situées sur ses trajets nerveux. Le principe de l’ostéopathie consiste donc à permettre au patient de retrouver l’équilibre, et donc la santé, en restaurant la mobilité de son squelette.

Les principales articulations concernées sont celles de la colonne vertébrale puisque tous les nerfs répartis dans l’organisme proviennent de la moelle épinière ou du cerveau.

Cependant un vrai traitement ostéopathique s’intéresse à toute la structure du corps et donc aussi aux articulations des membres ainsi qu’aux tendons, aux ligaments et aux fascias. Pour l’ostéopathe, la colonne vertébrale n’est pas responsable de toutes les maladies, comme on l’entend trop souvent dire, mais elle y participe comme tout l’organisme. La colonne est un moyen de diagnostic et de traitement des déséquilibres que peut présenter un individu. Précisons aussi qu’il ne s’agit jamais de vertèbres “déplacées” que l’on remet en place mais de vertèbres bloquées par un spasme qu’on libère.

Ce n’est ni par le raisonnement ni par l’observation des symptômes que l’ostéopathe établit son diagnostic. C’est par une palpation manuelle très subtile et longue à acquérir qu’il recherche les restrictions de mobilité du système squelettique et qu’il peut alors en déduire les troubles dont le cheval est affecté. De cet examen découlent les manipulations qui seront pratiquées mais qui ne seront pas imposées : les gestes visant à libérer les spasmes articulaires se font en sentant, en “écou- tant manuellement” l’accord et les réactions du patient.

On comprend alors que l’ostéopathie ne se résume pas à une technique dont il suffirait d’apprendre les gestes mécaniques de base, c’est une méthode médicale complète, avec ses propres raisonnements. Elle ne s’apprend pas en quelques jours, il ne faut pas oublier qu’il s’agit de la santé : la vie est une chose sérieuse qu’on ne peut prendre à la légère. En ostéopathie humaine, les études se font sur cinq années à temps complet ou sur trois ans pour ceux qui sont déjà kinésithérapeutes ou médecins. C’est aussi grâce à cela qu’un vrai ostéopathe sait où sont ses limites et peut, en toute connaissance de cause, référer certains patients au médecin ou au vétérinaire lorsqu’il sait que le cas sera mieux traité classiquement.

Les chevaux étant utilisés pour des performances sportives, leurs résultats seront meilleurs s’ils disposent de l’aisance et de la légèreté de leurs mouvements. Concernant le seul aspect mécanique, il est donc très utile de les suivre sur ce plan en compétition, comme c’est maintenant le cas pour les athlètes humains de toutes les disciplines. En équitation, les problèmes d’incurvation ou de transition d’allures sont des difficultés mécaniques pour lesquelles une telle approche médicale sera toujours la méthode de choix.

Quand faire appel à un ostéopathe équin ?

Cependant, il faut prendre garde de ne pas en faire une obsession et de ne pas appeler l’ostéopathe pour chaque difficulté technique qu’on rencontre. N’oublions pas qu’aucun individu n’est symétrique. Pour le saut en hauteur, aucun athlète humain n’est capable de réaliser les mêmes performances s’il change son pied d’appel, et peu nombreux sont les gens capables d’écrire aussi bien des deux mains. Méfions-nous de ne pas conclure trop vite que les problèmes d’équitation sont  d’ordre médical. Savoir que l’ostéopathie équine existe ne doit pas servir d’excuse ! Sans même parler de compétence, il arrive que les problèmes d’incurvation d’un cheval soient imputables à son cavalier et à ses propres problèmes. L’ostéopathie peut s’avérer la solution lorsqu’apparaît un changement net dans la locomotion du cheval, mais elle n’est pas là pour résoudre des problèmes d’équitation ni pour améliorer les performances d’un cheval qui manque de souplesse par constitution ou qui n’est simplement pas doué…

L’ostéopathie étant une médecine, elle permet de traiter non seulement des troubles locomoteurs, mais aussi des problèmes de comportement, ainsi que des troubles internes chroniques urinaires, hormonaux, digestifs ou autres.

Il s’agit en effet d’une médecine holistique, ce qui veut dire qu’elle considère l’organisme comme un tout ayant son propre équilibre, et non comme la somme d’organes étudiés séparément. On ne peut donc pas dire qu’elle traite telle ou telle maladie. Pour être plus précis, dans le cas d’un cheval à coliques récidivantes qui se trouve guéri par cette méthode, on ne conclura pas que l’ostéopathe guérit les chevaux coliquards: il a juste guéri ce cheval parce que, pour ce patient, il a su trouver et résoudre les déséquilibres qui étaient les siens à ce moment et qui se traduisaient par des coliques.

C’est là une toute autre façon de voir la médecine, à laquelle la médecine occidentale classique ne nous a pas habitués, mais les résultats prouvent qu’elle a sa place dans l’arsenal thérapeutique et qu’aucune méthode n’est exclusive ni ne doit prendre la place d’une autre. L’ostéopathie n’est pas la panacée, elle est une arme supplémentaire à inclure dans les moyens dont nous disposons pour rendre la santé aux chevaux que nous utilisons pour notre plaisir. L’idéal sera atteint le jour où l’on saura réellement adresser chaque patient vers la méthode la mieux adaptée au problème qu’il présente.

Les débuts de l’ostéopathie équine se sont heurtés au scepticisme agressif des nombreuses personnes de toutes professions qui affirmaient que le cheval est un animal trop fort et trop grand pour être manipulé par un humain. L’expérience prouve que ce n’est pas une question de force et que pratiquement toutes les manipulations sont possibles si on a l’accord du patient.

Certains détracteurs disent qu’on ne peut ni déplacer ni replacer les vertèbres d’un cheval et ils ont raison. Ils n’ont simplement pas compris qu’il s’agit de débloquer des vertèbres qu’un spasme maintient solidaires, donc douloureuses.

Face à un patient et aux différents moyens de le soigner, il faut respecter une hiérarchie évidente et utiliser d’abord les méthodes qui n’empêchent pas d’en essayer d’autres en cas d’insuccès. Si on commence par les infiltrations ou même la chirurgie, on ne saura pas si cela aurait été possible sans perturber l’organisme en se substituant à ses propres moyens de régulation.

Quand on se prend le doigt dans la porte, le simple bon sens est avant tout d’ouvrir la porte et non de couper le doigt ou de faire une injection antalgique. On s’occupe du doigt après, si nécessaire. La médecine classique est une arme de plus en plus précise et indispensable que je connais bien et que je respecte, mais on doit l’utiliser quand on sait que les autres méthodes ne marchent pas.

Les médecines holistiques sont souvent appelées à tort complémentaires: quand je vois les résultats obtenus par ces méthodes dans de nombreux cas, j’ose affirmer que c’est la médecine classique qui est complémentaire !

Pour en savoir plus : le métier ostéopathe équin 

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