La phytothérapie chez le cheval en 2018

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Les efforts développés en médecine humaine ont permis depuis quinze ans un développement de la phytothérapie animale. Des équipes de vétérinaires ont pu évaluer dans quelle mesure les résultats obtenus chez l’homme ou en laboratoire étaient transposables à l’animal. Cela s’est traduit par l’apparition progressive de produits spécifiquement destinés aux animaux: bovins, volailles, cochons, chats, chiens ainsi qu’au cheval, bien entendu.

 

C’est chez le cheval de sport que la plupart des applications de la phytothérapie ont été développées et ce pour deux raisons principales :

– Les chevaux de compétition ont des besoins spécifiques dans la recherche de l’optimisation des performances.

–           Les plantes, produits naturels, ne sont pour la plupart pas considérées comme dopantes et peuvent donc être utilisées pendant la saison de compétition.

C’est donc, après l’homme, chez le cheval que l’on rencontre la plus grande variété de plantes utilisées et pour de nombreuses applications.

Les principales plantes utilisées

–           Les anti-inflammatoires – antidouleur, Soulager un vieux cheval rhumatisant, d’une douleur de dos ou de jarret d’un cheval de concours, est un objectif courant. Certaines plantes ont la propriété de soulager la douleur: l’aspirine n’a-t-elle pas été pour la première fois isolée du saule blanc ?

La phytothérapie chez le cheval

L’avènement de la chimie organique et la découverte de molécules tels les antibiotiques avaient conduit à une diminution de l’utilisation des plantes médicinales et de leurs extraits.

L’apparition de résistances, la toxicité de certains médicaments, ainsi que le souhait du consommateur d’une médecine moins agressive, ont provoqué un regain d’intérêt pour la phytothérapie. C’est aussi sa complémentarité avec certains aliments qui pousse son développement.

Des équipes de pharmacologues et de médecins, en orientant leurs recherches et en soumettant les plantes aux mêmes critères d’évaluation que ceux auxquelles sont soumises les molécules classiques, ont permis la mise en place d’une thérapeutique moderne, fondée scientifiquement, garantissant qualité et efficacité. Bien entendu, si certaines plantes peuvent soulager certains maux, notamment au niveau de la digestion, elle ne remplacent pas tous les traitements

L’harpagophytum chez le cheval

La plus connue et la plus utilisée. Surnommée injustement griffe du diable pousse dans les savanes du désert de Kalahari, on utilise ses racines secondaires pour soulager les affections douloureuses chroniques des chevaux. Mais attention, toutes les formes d’harpagophytum ne sont pas utilisables: la coque cellulosique, très épaisse, empêche la libération des principes actifs et donc leur assimilation. Les extraits fluides et les ato- misats seront préférés car, outre d’être généralement standardisés en principe actif, ils présentent l’avantage de rendre disponibles ces mêmes principes actifs.

Le saule blanc et la reine des prés compléteront utilement l’action de l’harpagophytum dans les phénomènes douloureux. Précurseurs de l’acide acétylsalicylique ils peuvent également être utilisés dans les épi’ sodés fébriles.

De nombreuses plantes possèdent aussi des propriétés dites vasculo-protectrices et vasodilatatrices.

Crysantellum Americanum va notamment être utilisé dans ce que l’on appelle communément la maladie naviculaire. Elle permet une meilleure irrigation du pied et donc une meilleure oxygénation de celui-ci. Associée à une ferrure adéquate elle permet à nombre de trotteurs ou de chevaux de C.S.O. dont la carrière était compromise, une locomotion plus confortable.

Le mélilot et le noisetier seront utilisés pour renforcer la tonicité des parois veineuses et pour résorber les œdèmes ou les gonflements que l’on observe parfois sur les postérieurs que l’on dit engorgés ou en “poteaux”. De par son caractère dopant, elle n’est cependant pas adaptée à l’alimentation du cheval de compétition.

Les huiles essentielles pour chevaux

Les huiles essentielles et l’usage thérapeutique qui en est fait constituent un chapitre à part entière de la phytothérapie : l’aromathérapie.

Les essences végétales, non dénuées de toxicité, sont contenues dans les vacuoles de certaines plantes. Elles sont pour la plupart très odoriférantes d’où le qualificatif d’aromatique qui leur est attribué. Elles sont d’ailleurs, pour certaines, utilisées comme condiment alimentaire et nous connaissons bien les plus célèbres d’entre elles: thym, origan, cannelle, girofle, etc.

Elles possèdent, entre autres, des propriétés antiseptiques plus ou moins marquées que l’on évalue par des aromatogrammes. Basés sur le même principe que les antibiogrammes, ils permettent d’évaluer la sensibilité d’un germe à l’activité antimicrobienne d’une huile donnée. Agissant sans induire de résistance, dotées d’un pouvoir antiseptique autant qu’antibiotique, elles sont largement utilisées dans les maladies infectieuses : pneumonies, diarrhées infectieuses, plaies infectées. Citons encore la prêle, riche en silice organique, pour ses propriétés reminéralisantes et sa capacité à stimuler la synthèse du collagène (tendons et cartilage). L’ortosiphon et le lespedeza pour leur propriété diurétique afin d’éliminer les toxines ; l’artichaut et le chardon marie, draineurs, protecteurs et régénérateurs hépatiques ; la valériane, l’aubépine et la passiflore pour les chevaux nerveux.

Il ne s’agit que des principales et surtout de celles dont l’activité et l’innocuité ont été démontrées.

Comment choisir un traitement par phytothérapie pour son cheval?

Il est courant d’associer phytothérapie et automédication. Sous prétexte qu’elle est dite douce, la médecine par les plantes pourrait s’exercer de façon non contrôlée. Que l’on se souvienne de la ciguë, de la digitale ou du pavot et l’on conviendra que la douceur des plantes n’est que toute relative.

Par ailleurs, sans diagnostic préalable, utilisées à mauvais escient, on est souvent déçu par les plantes, mais comme on le serait d’un antibiotique pour une grippe. C’est pourquoi il est conseillé, en préalable à tout traitement, qu’il soit à l’aide des plantes ou non, de s’adresser à un vétérinaire. Il sera le plus à même de prescrire de façon raisonnée les plantes ou les extraits de plantes adaptés aux maladies diagnostiquées. Leur exigence de qualité et leur accès à la littérature scientifique récente leur permettent d’établir une sélection des produits à utiliser dans un souci d’efficacité et de sécurité.

De la tisane pour son cheval

Une fois le traitement instauré encore faut-il l’administrer. Une des limites à l’utilisation des plantes chez le cheval et plus généralement chez l’animal tient à la difficulté de trouver des présentations dont l’administration ne demande pas des efforts de contention trop importants.

Les tisanes et autres gélules, formes classiquement utilisées chez l’homme, vont trouver leurs limites chez le cheval. On privilégiera les granulés enrobés, notamment pour les traitements de long cours, les pâtes orales appétentes pour des traitements à plus court terme. Enfin, et comme symbole de ce que la phytothérapie alliée à la technologie moderne peut apporter, notons l’administration d’huiles essentielles par voie aérosol. Quelle meilleure voie d’accès pour solutionner les problèmes respiratoires ?

Expectorantes, antiseptiques, calmantes les huiles essentielles sélectionnées ainsi administrées vont permettre de soulager les voies respiratoires dans un confort d’utilisation autorisant des administrations répétées, en toute sécurité.

Nous trouvons la synthèse de ce que doit proposer une médecine de qualité et ce vers quoi doit tendre la phytothérapie moderne.

La seconde moitié du xxe siècle a vu l’avènement de médicaments qui ont révolutionné la médecine. Nous en touchons néanmoins les limites: résistance des microbes aux antibiotiques, résidus dans les viandes, surconsommation. On revient notamment de plus en plus à la question préventive du choix de la bonne nourriture.

Le retour à des techniques plus respectueuses de l’environnement et de l’organisme dans son milieu, associé aux techniques actuelles d’évaluation et de sélection sur la qualité, est aujourd’hui une tendance forte qui, notamment chez le cheval, ne pourra aller qu’en s’affirmant.

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