La vie de concours du cavalier professionnel: sportif ou artiste?

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Tout cavalier de sport professionnel et amateur ambitieux pourra facilement partager et approuver les étapes qui vont suivre. Celles que l’on pourrait comparer avec la vie des forains, arpentant les routes sans cesse dans leur camion, dans le but de (se) procurer joies, pleurs et  rires.  A la différence de l’aspect sportif qui demande organisation et rigueur, facteurs clés de la performance. Comment gérer la vie de concours ?  Comment jongler entre le professionnel et le savoir-vivre, dans une micro-ville éphémère où l’ensemble se mélange ? Bienvenue dans le monde des « sporartistes » …

Départ en compétition hippique et le début d’une nouvelle aventure

Même si le début d’une nouvelle compétition commence par l’excitation procurée lors de la formalité administrative des engagements en concours, les choses sérieuses se font ressentir la veille de partir. Que ce soit pour une journée, une semaine, en France ou à l’étranger.  Un mot d’ordre ? La routine. Pas celle qui fait peur, celle qui amène à la réussite.  La victoire du dimanche soir, se gagne avant de partir. L’artiste fait son croquis, le cavalier sa check-list. Reprenant matériel du cavalier, matériel du cheval, et celui des écuries. Le livret du cheval étant la dernière chose à oublier. Une fois le camion prêt, les chevaux toilettés, reste à attendre le petit matin tant attendu du départ. Et c’est parti, ambiance au beau fixe sur la route, tous les espoirs sont encore permis. Pour les dresseurs et complétistes, on révise son texte de reprise. On s’informe du programme exact du concours avant de  rédiger son propre planning avec l’ensemble de son équipe accompagnatrice, afin d’éviter au maximum les confusions une fois sur place. Puis on prend le temps d’appeler les copains/concurrents qui convergent vers le même ring.  Arrivés, on marque son territoire au sein du parking cavaliers et vient la première mission, donner au plus vite du confort aux chevaux, préparer boxes et écuries. En suit l’installation de sa « maison » pour la durée du concours.  Avant même de rentrer définitivement dans la compétition et d’enchaîner les répétions générales avant la scène, on découvre et s’approprie les lieux en allant régler les derniers points d’ordre administratif au secrétariat.

Le cavalier de concours quand la compétition bat son plein

Les choses s’accélèrent une fois la compétition lancée, d’où l’importance de s’en tenir à son propre programme, se rappeler de ses objectifs et de rester dans sa « bulle ».  A cheval lors des séances d’entraînements, des détentes, s’isoler pour rester concentré ou échanger avec l’entourage pour décompresser, rester à l’affût de l’information, à chacun sa personnalité. Moments ô combien importants, les reconnaissances de parcours. Une question revient, combien ? Préconisons le nombre de trois, une première dite « découverte », seul ou entre amis. Une seconde dite « technique », avec entraîneurs ou concurrents de confiance afin de dénicher toutes les particularités du parcours. Et une troisième dite « récapitulative », à faire seul pour un maximum de concentration et de mise en situation. Et le plus tard possible pour les cavaliers de cross afin d’assimiler toutes les modifications possibles (cordage, option …) faîtes par l’organisateur. L’entrée en scène approche, reste à anticiper la préparation matérielle du cheval et du cavalier pour ne rien laisser au hasard. Ajoutons alors ce qu’on pourrait appeler la quatrième reconnaissance, mise en condition et visualisation du parcours, à l’image du skieur avant sa descente. Un conseil, profitez de la dernière « pause-toilette» pour celle-ci. L’heure est venue de se mettre à cheval, le décompte est lancé, la sonnette a retenti.

Hors cheval, les rendez-vous s’enchainent, entre briefing, cocktails de bienvenue, la soirée cavalier, la rencontre des sponsors, des propriétaires, de  la famille, des amis, du jury, des supporters,  des bénévoles et des organisateurs. Et il y a cette vie, celle comparable à un village de campagne qui se retrouve presque chaque week-end dans une nouvelle région. Une vie qui prend son cours en fin de journée, après l’effort le réconfort. La buvette du concours prend alors le charme du troquet de la mairie, les sujets de conversations divergent les invitations à dîner dans les camions fleurissent. Un parking qui prend l’allure d’un lotissement où certains se retrouvent en famille, d’autres entre amis ou encore entre jeunes pour faire la fête, qu’on soit groom, cavalier, propriétaire, ou bénévole… Tant de raisons de revenir régulièrement à sa feuille de route.

Les épreuves s’achèvent, fin du spectacle : le retour des troupes

Arrivent les derniers instants, fatigue de la compétition, concrétisation des objectifs, préparation du retour. Les gagnants, les perdants, les toujours contents. L’atmosphère du « ce n’est qu’un au revoir » et le moment du fameux «c’est quoi le prochain pour toi ? ». On retrouve son équipe et reprend la route du retour, le moment de faire un debrief à chaud du résultat et de partager les émotions passées. Hâte de faire retrouver le box à son cheval avant les prochains évènements.

Combien de jours de compétition pour un cavalier professionnel ?

Pour un grand nombre d’entre eux, c’est plus de 200 jours par an. Le détail faisant la performance, la quantité et l’expérience permettent l’optimisation de cette « routine », indispensable au bien-être des chevaux et jouant un rôle d’ « aspirateur  à doutes » pour le cavalier. Répéter à chaque concours, avec chaque cheval, dans chaque épreuve, en y ajoutant nécessairement les éventuelles remises en questions de la fois d’avant et en s’adaptant à l’instant. Tout en profitant de celui-ci, qu’il soit à cheval ou au troquet du village.

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